Éditorial Bruno Stach
Les élections des Unions régionales des professionnels de santé (URPS) au printemps 2021 sont déjà loin, les différents syndicats sont désormais organisés… Tout est prêt pour que les médecins spécialistes revendiquent et occupent leur place au sein du parcours de soins. L’ignorance et le traitement que leur réservaient les instances de santé il y a à peine quelques années, y compris lors de la gestion de la crise de la Covid-19, paraissent évoluer. L’heure semble à l’ouverture, d’après les indices donnés par les Agences régionales de santé (ARS) et le ministère des Solidarités et de la Santé : les discussions en cours positionnent le spécialiste, en particulier libéral, dans un rôle clé dans le parcours de soins, c’est-à-dire le rôle d’expert de proximité qui est le sien. La médecine de ville ne se limite plus à la médecine générale dans l’esprit des décideurs. Nous y croyons, et nous œuvrons en ce sens.
Actuellement, les spécialistes s’emparent à juste titre de la problématique des équipes de soins spécialisés (ESS). Il s’agit d’un regroupement et d’une organisation de soins au sein d’une même spécialité médicale ou autour d’une pathologie, dès lors pluriprofessionnels, pour une prise en charge optimale. Tout peut être imaginé, comme des équipes très réduites au sein d’un territoire limité, ou à l’échelle d’une région. Alors que certaines ne nécessiteront qu’un financement minimal, d’autres ne pourront fonctionner sans fonds extérieurs plus importants afin de se doter d’une plateforme téléphonique, contractualiser un(e) infirmier(ère) de pratique avancée (IPA), etc.
Depuis plusieurs mois, des équipes de soins spécialisés se constituent dans les territoires, où des expérimentations variées se concrétisent. Afin de mieux formaliser cette nouvelle organisation des soins, il faudra analyser son efficience réelle. Un travail délicat, car celle-ci est difficilement palpable : elle est à la fois bien entendu médico-économique, mais relève également de l’optimisation du temps de travail du spécialiste et, par conséquent, de la qualité des soins ; l’un des objectifs étant de réserver l’expertise du spécialiste pour les cas difficiles et de le rendre plus disponible pour répondre aux soins non programmés. Je défends depuis de nombreuses années cet aspect fondamental de notre exercice, car aujourd’hui, les pathologies chroniques stabilisées monopolisent notre emploi du temps, alors qu’elles pourraient éventuellement bénéficier d’un parcours de soins plus adapté. Nous y reviendrons prochainement.
Pneumologues libéraux, regroupez-vous !
Le premier intérêt de se regrouper en équipes de soins spécialisés est de gagner en visibilité, aux yeux de nos instances, de nos confrères généralistes et de nos hôpitaux. Le second intérêt est de contractualiser avec les modes organisationnels de la médecine générale, à savoir par exemple les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), en fonction des besoins dans une spécialité donnée, mais aussi les maisons de santé pluriprofessionnelles et les médecins généralistes de terrain. C’est le moyen, pour le pneumologue libéral qui intègre une équipe de soins spécialisés, d’être un pont essentiel entre la médecine de ville et les établissements de santé, publics et privés. En effet, celui-ci possède une bonne connaissance de la prise en charge en établissement de santé, pour la simple raison qu’il y exerce très souvent.
Se regrouper entre pneumologues libéraux est devenu une nécessité, non pas uniquement en un même lieu physique, mais au sein d’une entité juridique, que ce soit une association, une société civile de moyens (SCM) ou une société interprofessionnelle de soins ambulatoires (SISA), un cadre juridique pour l’exercice regroupé des professionnels de santé libéraux en maison de santé pluridisciplinaire (MSP). Ceci en fonction des besoins de l’équipe de soins spécialisés.
Cette nouvelle organisation des soins en France est incontournable. Incontournable pour la qualité des soins et le fonctionnement du système de santé. Incontournable aussi pour l’exercice optimal de la médecine spécialisée libérale.
Le vent tourne, les spécialistes libéraux semblent de plus en plus écoutés. Par exemple, l’ARS des Hauts-de France est décidée à nous accompagner dans cette transition. Cela doit faire tache d’huile au niveau des autres régions. Nos efforts sont payants et nous les poursuivrons.
Les cinq années à venir seront décisives si nous voulons nous imposer dans le parcours de soins et les nouvelles organisations sanitaires.
Retrouvons-nous dès janvier 2022 au 26e Congrès de pneumologie de langue française (CPLF) à Lille Grand Palais, lors de l’assemblée générale du SAR/APP (22 janvier 2022. Horaires : 14h30-16h, salle Artois).
Je vous souhaite d’excellentes fêtes de fin d’année à toutes et à tous.
Bruno STACH
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