C’est avec une émotion particulière et profonde que je vous fais part du décès de notre ami et confrère, le Dr Yves Grillet.
Yves a toujours défendu et valorisé la pneumologie, œuvrant pour sa reconnaissance en tant que spécialité forte. Il a assuré la présidence du Syndicat de l’appareil respiratoire (SAR) jusqu’en 2013, durant une période délicate marquée par des négociations conventionnelles cruciales, en étant toujours soucieux de la protection des intérêts de la pneumologie, notamment libérale.
Tout au long de son parcours, il a réussi à imposer la reconnaissance de la pneumologie libérale aux yeux des instances sanitaires, plaidant vigoureusement en faveur des actes médicaux liés à notre spécialité. Parallèlement, il a contribué à rassembler les pneumologues, tant libéraux qu’universitaires, formant ainsi une unité afin de promouvoir notre discipline.
Très tôt dans sa carrière, Yves s’est impliqué dans des activités déterminantes, en tant que président des anciennes “Unions Régionales des Médecins Libéraux” (URML), devenues depuis les Unions Régionales des Professionnels de Santé (URPS). Il a également présidé et cofondé la Société alpine des pneumologues libéraux.
En qualité de cofondateur du Conseil national professionnel de pneumologie (la Fédération française de pneumologie-FFP), il en était un membre actif jusqu’à ses derniers jours, occupant la fonction de vice-président. Yves a également participé en tant que cofondateur à la mise en place de la Fédération des spécialités médicales (FSM), et œuvré à une représentation des pneumologues libéraux au sein de cette instance.
Il a notablement contribué à la communication et aux collaborations au sein de la pneumologie libérale. À une époque dépourvue d’Internet, Yves a initié des réunions des associations régionales semi-annuelles, favorisant ainsi les échanges sur les défis et les initiatives des pneumologues libéraux dans chaque région. Ces rencontres ont renforcé la cohésion au sein de la profession, ainsi soudée dans une belle unité.
Peu ont, comme Yves, autant défendu les intérêts de cette profession qui lui était chevillée au corps.
Rares sont les personnalités aussi visionnaires vis-à-vis des enjeux liés à la spécialité médicale, à l’évolution de la société et de la santé publique.
Il anticipait bien en amont les tendances futures et identifiait les initiatives nécessaires pour nous positionner. Les exemples sont multiples, et nombreux sont ceux qui pourront se remémorer ses actions, ses combats, ses positions stratégiques, mais aussi son amitié, et son indéfectible soutien. J’en veux pour preuve sa présence à nos côtés il y a quelques semaines lors d’une réunion avec les autorités sanitaires sur la pertinence des soins liée à la PPC et à l’OAM. Il s’y est rendu à ma demande, en tant qu’ami de très longue date, et pour le bien de la pneumologie, montrant son engagement jusqu’au bout.
Homme au franc-parler, déterminé et au tempérament de montagnard, il ne cherchait pas à tirer de ses efforts une reconnaissance personnelle, mais plutôt à concrétiser des idées très souvent avant-gardistes, ensuite développées par des confrères convaincus et motivés. Car il savait passer le relais aux personnes dont il avait discerné le potentiel pour mener à bien ces projets.
Association BPCO (désormais Santé respiratoire France), Alvéole, JPRS (Journées Pratiques Respiration Sommeil), Observatoire Sommeil de la Fédération de Pneumologie (OSFP), ou ces derniers mois la création de Belvédair dans la télésurveillance, etc. : il n’est pas possible de citer ici toutes ses actions. Il aura joué un rôle fondateur fondamental dans de nombreuses initiatives, souvent à contre-courant des opinions de l’époque. Avec pour seul objectif d’offrir aux pneumologues libéraux et à l’ensemble de nos confrères des moyens pour s’exprimer, faire valoir leur activité, se rendre indispensables et valoriser leurs compétences au service des patients et de la santé publique.
Cette vision proactive était une constante dans son parcours, tout comme sa capacité à identifier les besoins essentiels pour la défense de la pneumologie en général, et de la pneumologie libérale en particulier. Il a réussi à instaurer une véritable cohésion syndicale. La refonte de la Liste des Produits et Prestations (LPP) a également été un domaine où il s’est impliqué. Libéraux et universitaires se sont alors trouvés rassemblés pour défendre la pneumologie.
Lors de la refonte de la nomenclature liée à la Classification commune des actes médicaux (CCAM) en 2005, il a joué un rôle central en tant que porte-parole de la pneumologie. Il n’a eu de cesse ensuite de participer aux différentes évolutions, notamment à la révision des actes en 2023 avec le Haut conseil des nomenclatures (HCN), démontrant ainsi son expérience et son sens politique des plus aigus. Récemment, il a également été actif dans la conception des demandes d’accord préalables (pour la PPC, l’OAM) et, il y a quelques mois encore, dans leur dématérialisation ; tout cela dans le but de garantir que les pneumologues soient les interlocuteurs incontournables dans les discussions avec la Caisse d’Assurance maladie.
Ces dernières années, au sein et en tant que vice-président de la Fédération Française de Pneumologie, il participait au développement des « PROMs » (patient-reported outcomes measures). Il avait répondu avec succès à un appel à projet lancé par la HAS, en choisissant le SAHOS. Celui-ci s’appuyait sur le carnet digital « Adel Patient », une autre de ses réalisations. Par ailleurs, il croyait en la télésurveillance et œuvrait pour la déployer. Il maîtrisait aussi le sujet de l’intelligence artificielle et ses dernières avancées.
Le Dr Yves Grillet était un visionnaire, attentif aux autres et respectueux de leurs opinions. Outre ces qualités qui sont rares, son parcours au service de la spécialité force notre respect. C’était un homme de conviction, un véritable ami et un mentor pour moi. Un soutien sans faille. Il laisse aujourd’hui un grand vide.
L’ensemble des pneumologues du Syndicat de l’appareil respiratoire (SAR) présentent leurs plus sincères condoléances à son épouse Isabelle et à l’ensemble de sa famille.
Un dernier hommage lui sera rendu le lundi 29 janvier 2024 à 14h, à Saint Péray (07130).
Bruno Stach, président du Syndicat de l’appareil respiratoire (SAR)
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